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Climat et biodiversité : nous avons les outils pour sauver la planète et ses habitants !

16 décembre 2020

Written by: Marie-Ange Kalenga

Article disponible dans:

Climat et biodiversité : nous avons les outils pour sauver la planète et ses habitants !

La crise causée par la COVID-19 a révélé au grand jour la vulnérabilité de nos systèmes sociaux, de nos mécanismes de préparation aux catastrophes, de notre économie et de nos structures de gouvernance. Mais cette crise n’a pas été la seule à frapper la planète en 2020. Outre la pandémie, notre consommation et une croissance économique insoutenable ont des effets dévastateurs sur la planète et ses habitants, la biodiversité est partout menacée et face à la crise climatique, les esprits s’échauffent plus qu’ils ne s’unissent pour trouver des solutions. Il est de plus en plus manifeste que ces problèmes sont inextricablement liés. Il faut se départir des approches cloisonnées : les stratégies mises en place dans les différents domaines dans l’espoir de trouver des solutions doivent converger. Avant tout, il convient de reconnaître le rôle fondamental que les communautés locales et autochtones peuvent jouer et de les impliquer dans les solutions proposées. La bonne gouvernance est, quant à elle, le socle sur lequel repose la réussite de toutes les initiatives. 

Les mauvaises pratiques ont la vie dure. Lors de la pandémie, nous avons observé des pressions accrues sur les forêts. Comme on pouvait s’y attendre, l’exploitation forestière illégale et le commerce illégal du bois ont explosé dans les pays forestiers, une conséquence directe de l’absence de contrôles gouvernementaux et de l’interruption des activités d’observation indépendante des forêts par la société civile. La panique générale causée par la COVID-19, conjuguée à la perturbation des chaînes d’approvisionnement alimentaire, a poussé les habitants des villes à se ruer dans les forêts, en quête de ressources génétiques, de remèdes miracles et de compléments alimentaires, des scènes bien trop souvent observées dans les pays du bassin du Congo. 

Nous avons par ailleurs constaté avec une grande inquiétude des appels à la déréglementation dans certains pays, notamment au travers de la douteuse « Loi omnibus » en Indonésie (voir la lettre d’information de Fern sur la gouvernance forestière), qui allège les obligations sociales et environnementales pour les acteurs des secteurs forestier, agricole et extractif. 

Partout dans le monde, ce sont les communautés locales dépendantes des forêts qui sont inévitablement les plus vulnérables face aux chocs. 

L’espoir subsiste. Dans certains pays forestiers, des efforts de longue haleine menés avec détermination portent leurs fruits. La République du Congo a adopté un nouveau code forestier qui intègre l’observation indépendante des forêts et consacre les droits des communautés locales et des populations autochtones. En République démocratique du Congo, le parlement a adopté une proposition de loi relative à la promotion et à la protection des peuples autochtones. Celle-ci constituera un tournant dans la protection de leurs droits et de leur identité. 

Ces avancées sont positives, mais la route est encore longue. 

Les communautés doivent participer aux efforts déployés à tous les niveaux. Selon un récent rapport de Rights and Resources Initiative (RRI), près de deux milliards de personnes appartenant à des populations autochtones ou à des communautés locales vivent dans des zones importantes pour la préservation de la biodiversité, dont 363 millions dans des zones protégées. Plus de la moitié (56 %) de la population des zones importantes pour la préservation de la biodiversité, dont les aires protégées, vit dans des pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire. 

Concrètement, ce sont donc ces communautés qui contribuent à la conservation des forêts et de la biodiversité, à l’aide d’outils tels que la propriété collective, de stratégies de gouvernance et de vastes connaissances écologiques traditionnelles. 

Toutefois, de nombreux pays, surtout en Afrique, ne disposent pas encore de mécanismes juridiques pour la reconnaissance des droits coutumiers et le transfert des droits et des responsabilités en matière de gestion des ressources naturelles aux populations autochtones et aux communautés locales. Par exemple, ces vingt dernières années, les résultats de la foresterie communautaire dans le bassin du Congo ont été mitigés. L’objectif initial de permettre aux communautés locales de bénéficier directement de la gestion des forêts dont elles dépendent ne s’est pas encore concrétisé, en raison des difficultés qui sont légion dans la région – un soutien politique inégal, de lourdes contraintes juridiques et techniques ainsi que l’accaparement des terres et des revenus, qui ont un impact négatif sur les communautés. 

Pour la société civile, la reconnaissance officielle des droits fonciers coutumiers des communautés est non seulement une question de subsistance et de justice sociale pour ces populations, en particulier lorsque les communautés géraient les forêts bien avant que l’État n’en revendique la propriété, mais elle représente aussi un outil significatif pour la préservation des forêts et dès lors pour la réalisation des objectifs climatiques. 

Profiter de l’élan mondial pour renforcer les actions et intensifier l’appui. 

Dans le contexte de l’adoption par l’UE d’une Stratégie en faveur de la biodiversité à l’horizon 2030, profitons de l’élan politique mondial en faveur de la nature et de la résilience climatique pour mettre fin à notre demande insatiable de produits qui détruisent les forêts et les moyens de subsistance des communautés. La protection et la restauration des forêts peuvent avoir des conséquences sérieuses – à la fois positives et négatives – pour les personnes vivant dans les forêts et à proximité. La Stratégie en faveur de la biodiversité devrait dès lors être élaborée et mise en œuvre avec les communautés qui en ressentiront directement les effets. 

Néanmoins, sans bonne gouvernance, ces efforts resteront vains. A l’avenir : 

  • Nous devrons améliorer l’application de la législation forestière et la gouvernance notamment en renforçant les capacités des autorités forestières nationales dans les pays partenaires et à travers l’intensification des mesures de lutte contre l’exploitation illégale du bois et les activités commerciales illégales qui en découlent. Certains pays forestiers tropicaux ont signé des accords pour favoriser le commerce de bois et de produits forestiers légaux dans le cadre du Plan d’action FLEGT de l’UE : ces pays devraient veiller à la mise en œuvre effective de ces accords. Les pays de l’UE et les donateurs internationaux apportant un soutien à ces pays sous la forme d’un appui à la reprise face à la crise sanitaire devraient accorder la priorité à la bonne gouvernance. 
  • Les programmes de relance en réponse à la COVID-19 visant à améliorer les moyens de subsistance et à renforcer la résilience des populations tributaires des forêts devraient cibler les initiatives de gestion communautaire des forêts et continuer d’encourager l’implication de la société civile afin que cette dernière puisse jouer son rôle de veille et d’appui. 

Les pays ont à présent une occasion historique d’agir pour mettre fin à la déforestation, prévenir la dégradation des forêts et accroître le couvert forestier au moyen d’investissements justes et durables. 

 

Catégories: Blogs, Forest Watch

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