
Le sommet entre les dirigeants de l'UE et de l'Union africaine - reporté d'octobre 2020 aux 17 et 18 février 2022 en raison de la COVID-19 - est considéré par les institutions européennes comme une occasion de recréer le « partenariat » de l'UE avec l'Afrique. Mais les organisations de la société civile (OSC) craignent que le dialogue en cours entre ces deux Parties ne favorise le statu quo au détriment de la lutte contre les crises climatique et environnementale.
Les signaux émis par la conférence ministérielle de la présidence française sur les partenariats commerciaux entre l'Europe et l'Afrique semblent confirmer ces inquiétudes. Les OSC sont également déçues par la stratégie globale de l'UE, qui ne propose pas de solutions viables et globales pour mettre fin à la destruction de la biodiversité et enrayer la marginalisation des communautés dépendantes des ressources. Comme le dit Barthélemy Boika, partenaire de Fern, du Cercle pour la défense de l'environnement en République démocratique du Congo : « Nos pays ne veulent plus être des vaches à lait, pourvoyeuses de denrées de base, qui signent des accords protégeant principalement les intérêts économiques de l'UE ».
L'Afrique abrite une biodiversité remarquable, comprenant d'immenses forêts tropicales telle que la forêt tropicale du bassin du Congo. Celle-ci joue un rôle essentiel dans le développement humain et les moyens de subsistance en Afrique. Face à cela, et alors que la plupart des économies africaines dépendent largement des ressources naturelles, on observe un déclin sans précédent de leur capital naturel dû, entre autres, aux pratiques agricoles extensives, à l'exploitation minière, à l'exploitation du bois à grande échelle ou encore à la criminalité environnementale. Le changement climatique constitue une autre menace considérable pour la biodiversité de l'Afrique, comme l'a indiqué le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat.
Il est urgent de renforcer la résilience locale en protégeant la biodiversité. Les dirigeants africains et européens doivent soutenir des politiques audacieuses qui réduisent l'impact de l'extraction des ressources sur la nature, notamment en encourageant la protection et la restauration des forêts, et en accordant la priorité à la bonne gouvernance et aux besoins des communautés. Les accords de partenariat volontaire FLEGT (application des réglementations forestières, gouvernance et échanges commerciaux) conclus par l'UE avec les pays producteurs de bois sont un bon exemple de ces politiques audacieuses, ils devraient être complétés par des politiques visant à mettre un terme à la déforestation liée aux denrées de base.
Conformément au vœu de l'UE d'aider les pays partenaires à mettre en œuvre leurs contributions déterminées au niveau national (CDN), le sommet devrait inclure un engagement à aider les pays africains à mettre en œuvre une action climatique ambitieuse et juste. Le financement de l'UE au titre de l'instrument de voisinage, de coopération au développement et de coopération internationale (NDICI), son nouvel instrument, doit mettre en avant une approche fondée sur les droits humains qui place les communautés locales et les peuples autochtones au centre des efforts en matière de climat, d'environnement et de développement, en commençant par la consultation de la société civile et des communautés.
Enfin, la réinitialisation du partenariat signifierait que l'Union africaine et l'UE pourraient aborder à nouveau les questions difficiles occultées par la pandémie de COVID, telles que la gouvernance et l'espace civique. Ainsi, Fern et ses partenaires espèrent que le sommet s’affranchira des promesses vagues et tiendra compte des voix des communautés locales qui subissent les premières et de façon disproportionnées les conséquences du changement climatique et de la destruction de l'environnement.
Catégories: Forest Watch, Forest Governance