
En janvier 2020, l'Allemagne a pris les rênes du Partenariat pour les forêts du bassin du Congo (PFBC), à un moment où le sort des forêts tropicales d'Afrique centrale attire moins l'attention internationale que la protection de l’Amazonie. La facilitation allemande a désormais la possibilité d'orienter le PFBC vers des approches innovantes pour sauver les forêts, enrayer la perte de la biodiversité et renforcer la démocratie et l'implication des OSC au sein du PFBC.
Le Partenariat a été lancé en 2002 pour lutter contre les menaces importantes pesant sur le second massif forestier tropical de la planète notamment les incendies, l'exploitation forestière sauvage ainsi que la déforestation à grande échelle. Il rassemble des pays africains, des bailleurs de fonds, des ONG et des institutions scientifiques qui œuvrent en faveur d’une gestion responsable des forêts d’Afrique centrale et de leur biodiversité unique et l’amélioration des moyens de subsistance des 60 millions de personnes et qui en dépendent.
L'Allemagne peut transformer le PFBC de façon durable en relevant les quatre défis suivants :
- Les forêts et la biodiversité sont au centre des préoccupations et des accords internationaux comme jamais auparavant. La facilitation allemande devrait garantir que les politiques commerciales, climatiques et de développement de l'UE ayant un impact sur la gestion des ressources naturelles en Afrique centrale, et des initiatives telles que le récent Pacte vert pour l’Europe, tiennent compte des besoins des populations dont la survie dépend de ces ressources.
- Au-delà de l'objectif traditionnel de conservation, le PFBC devrait s’engager à aborder les « sujets qui fâchent » : la corruption et la mauvaise gouvernance. Constamment classés parmi les pays considérés comme les plus corrompus au monde, les pays d'Afrique centrale gagneraient à adopter une approche globale et d’envergure pour parvenir à une réelle amélioration de la gouvernance. Le PFBC devrait promouvoir de façon énergique des mesures réglementaires et des mécanismes de gouvernance qui renforcent la redevabilité comme par exemple, les Accords de partenariat volontaire et l’Initiative pour la forêt de l'Afrique centrale (CAFI).
- Les populations les plus vulnérables d’Afrique centrale – les femmes et les peuples autochtones – subissent de plein fouet les événements météorologiques et climatiques extrêmes qui se produisent actuellement. Un appui accru aux contributions déterminées au niveau national constitue une voie à privilégier pour définir et mettre en œuvre des solutions climatiques abordables et inclusives qui intègrent les forêts.
- La pauvreté et la misère sociale persistent dans la région, malgré l’omniprésence d’abondantes ressources naturelles. Le PFBC devrait trouver une issue à cette crise. Assurer des moyens de subsistance durables aux petits exploitants forestiers et aux communautés locales va de pair avec la protection de la biodiversité et des forêts. La Feuille de route de Brazzaville sur la foresterie participative fournit des pistes précieuses pour renforcer la participation des communautés à la gestion forestière et affermir leurs droits sur les forêts.
Il reste à espérer que la facilitation allemande suscite des actions et des propositions innovantes sur des enjeux tels que les moyens de subsistance locaux, le climat, la déforestation ainsi que l'utilisation des terres et de l'énergie dans les pays forestiers de l'Afrique centrale. Pour cela, il est nécessaire que les organisations de la société civile aient leur mot à dire ainsi que la capacité et la volonté d'apporter des contributions de qualité.
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